"Lève ta pancarte et fais un voeu !"

Publié le par Pauline

Un pétard qui explose. Deux puis trois. Une odeur de fumée qui entre dans les poumons et qui nous étouffe. Les sirènes de la police. Une rumeur de voix, de rires, de cris qui bourdonne dans les oreilles. Poubelle renversée puis lancée contre les portes du lycée. Une autre. Les élèves qui montent sur les rebords des fenètres. Huée et insultes face à des professeurs qui essaient de calmer l'ardeur de ces élèves venus d'autres lycées de la ville. 

 

Je regarde autour de moi. Un tourbillon de fureur nous enveloppe. Pourquoi ? Pourquoi, je vous le demande. Quand je questionne l'un des lycéens pour quelles raisons, ils manifestent ? Il me répond qu'il n'en sait trop rien, que c'est pour les retraites car c'est injuste. Curieuse de sa réponse j'ajoute "Mais injuste dans quel sens ?". Il me regarde avec de grands yeux et soupire, qu'il ne sait pas, qu'il suit le mouvement, c'est tout.

 

Suivre le mouvement, c'est donc ça. Ils ne comprennent pas. Ils ne savent pas. Ils ne réfléchissent pas. Ils s'insurgent, renversent et crient. L'anarchie complète. Mouvement de lycéens qui n'est pas préparé et qu'ils ne maîtrisent pas. Mais ce n'est pas ça. Ils n'arriveront pas à se faire entendre.

 

Les portes sont bloquées. Aucun élève ne peut rentrer, ni sortir du lycée. Prépa, lycéen, professeur. Je me faufile à travers la masse. Il faut que je rentre dans le lycée, je ne peux pas me permettre d'être absente. Pas aujourd'hui. Un prof me repère et me fait entrer par une issue de secours. Plus tard, nous organisons un débat entre élèves de différents niveaux et filières pour discuter de cette réforme.

 

Par les fenêtres du lycée, nous aperçevons que la CGT et la CFDT rejoindre les rangs des élèves qui scandent des slogans durant plus d'une heure. Mais, rien ne sert de s'en prendre à un lycée. Ce n'est pas le lycée qui a fait cette réforme. Nous pouvons faire évoluer les choses mais pas dans ces conditions là. Ils doivent comprendre les enjeux, les contraintes et surtout l'injustice de cette réforme. Comprendre pour ne pas subir. Ne pas avancer dans ce flou, dans le seul but de sécher les cours mais bien de refuser l'acceptation de cette réforme.


Vous avez le droit de montrer que vous n'êtes pas d'accord avec le gouvernement, je participerai à ce mouvement car je refuse avec véhémence cette réforme. J'envisage les classes prépas littéraires pour ensuite faire un master de journalisme à Lille. Cela me fait entrer dans la vie active à 26 ans si tout se passe bien. Avec 42 ans de cotisations pour ma retraite, cela me fait travailler jusqu'à 68 ans sans inclure de congés maternité et/ou de périodes possibles de chômage, etc...De plus, les places libérés par les départs à la retraites pourraient aussi nous servir de tremplin dans la vie active car nous nous rendons compte que les jeunes sont l'une des proportions les plus importantes de chômeurs en France. Alors oui, je suis contre cette réforme !

 

Mais manifestez correctement dans le respect de l'individu et surtout sans vandaliser les lieux. C'est, à ces conditions là, que nos voix auront de l'importance. 

 

 

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"Emily's photography"

 


 

 

 

Publié dans Bienvenue au lycée

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L
<br /> <br /> La réforme des retraites est n'est souvent que le détonateur d'un ras-le-bol général.<br /> <br /> <br /> Je crains qu'il y ait encore des débordements. Mais la faute à qui ? A force de tirer sur la corde elle casse. La jeunesse exulte. Mais que lui propose-t-on ? Ceci étant, la violence ne résoud<br /> rien, je sui bien d'accord.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Oui, j'ai entendu hier à la radio que le mécontentement est plus profond qu'il n'y paraît que ce n'est pas seulement contre les retraites mais aussi contre la politique de Sarkozy. De toute façon<br /> réformer la société est un abyme sans fond, il y a tant de choses à faire. Un débordement de temps en temps, on peu parler de normalité bien que ce ne soit pas la solution mais de là, à faire<br /> tout et n'importe quoi, je ne suis pas sûre que cela aide à arranger la solution. Mais c'est ainsi. J'ai remarqué, aujourd'hui que le mouvement au sein de notre ville s'était intensifié mais<br /> mieux contrôler, il ne fut que plus convaincant.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Je vous ai déjà répondu sur mon blog mais bon... je me doutais que vous vous étiez exprimée ici sur le sujet. Je suis venu voir. Manifester "correctement". Vaste programme. La préoccupation vous<br /> honore et j'y souscris. Mais il faut aussi comprendre que la violence symbolique du pouvoir génère, en réponse, une violence de la rue qui ne peut se permettre les mêmes mondanités. C'est<br /> dommage mais toute l'histoire proclame que les égards, les élégances qu'on a envers les oppresseurs sont rarement efficaces. Triste constat, mais c'est ainsi. La plus grande crainte du<br /> pouvoir était que la jeunesse descende dans la rue car il en connaît le caractère incontrôlable et potentiellement violent. Il faut croire qu'il n'avait que faire des protestations dociles,<br /> "policées" de vos aînés. Dont acte. Ceci dit, je ne soutiendrai personnellement aucune action violente. Elles me révulsent. Je me contente de les comprendre et c'est déjà beaucoup.<br /> Amicalement.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Aujourd'hui, rebelote, blocus au lycée. Toujours musclée, mais nous avons pris les choses en main et au lieu de s'en prendre au lycée, nous avons demandé aux élèves de nous suivre pour aller<br /> place de la mairie où s'étaient réunis les autres lycées ! Une manifestation pleine de vitalité et d'énergie qui s'est traduit pas une AG avec l'élection des représentants de chaque lycée. C'est<br /> mieux ainsi, nous voyons plus clair et nous proposons des mouvements plus efficaces qui auront lieu tout au long de la semaine prochaine... <br /> <br /> <br /> <br />