Anima sana in corpore sano
Anima Sana In Corpore Sano ou littéralement une âme saine dans un corps sain. Il s'agit d'un adage latin repris par la célèbre marque de sport ASICS qui créa cette publicité. Remarquable d'ailleurs ! Pourquoi ?
Arrêt sur image
Bien plus qu'une simple publicité, elle représente le véritable acte de courir sous 3 plans : Passé, Présent, Futur, les alliant avec toutes les sensations de la course.
Passé : Pourquoi je cours ?
Vaste question où une réponse est difficile tant elle peut être multiple. Courir pour oublier, vider son esprit, évacuer son stress et sa tension, une sorte de soupape de vapeur qui équilibre la pression à l'intérieur de soi. Personellement, c'est souvent cette raison là qui me pousse à enfiler mes baskets...longtemps je donnais pour seule réponse : "Le seul moment où je suis bien, c'est quand je suis dans mes baskets !"...au sens littéral comme à celui figuré.
Courir permet également d'avoir une illusion de contrôle du Moi. Mine de rien un footing d'une heure à 12km/h, ce sont près de 700 calories de perdues. Alors courir pour faire attention à son image est souvent l'une des raisons premières...on peut dédramatiser d'avoir manger une grosse raclette. De plus, courir améliore les paramètres cardio-vasculaires...oui, oui, fini le souffle court quand il faut monter en courant les deux étages du lycée; fini le coeur qui bat la chamade après un sprint pour éviter de rater son bus le matin....Miracle !
Sur cette image, il est évident que cette jeune femme court pour fuir. Fuir le doute, le stress, pour se libérer de toutes ces pressions qui l'enveloppent. Elle court pour aller au bout d'elle même, atteindre ses propres limites et tenter de les dépasser pour aller toujours plus loin. C'est une lutte contre elle même qu'elle mène, un véritable combat contre soi car en course, on n'est toujours face à soi. Alors, on a beau lutter contre le temps qui défile pour battre des records, ou encore lutter contre les autres pour une place. Se donner l'illusion de satisfaction qu'amène une victoire mais qui est en faîte la solitude du vainqueur...
Présent : Qu'est ce que je ressens quand je cours ?
Raconter ses sensations de course restent toujours un moment délicat. Souvent exprimer ses émotions (si l'on en est capable) restent imperméable pour quelqu'un qui ne les a jamais connu. Difficile de raconter les premieres minutes où les foulées sont légères, le souffle calme. Ce sentiment d'abandon de soi. De s'écouter enfin. D'accélèrer quand on ne ressent rien pour ne pas que ce soit une foulée mécanique. Sentir mes muscles qui travaillent, qui fatiguent.Avoir un souffle régulier qui me permette de savourer. Cette chaleur qui envahit tout le corps. Regarder le monde autour, tout aurait pu s'arrêter qu'importe, je continuerais à courir malgré tout.
Parfois lors de la 45ème minute, toutes les barrières que l'on s'était crée cèdent sous le poids de la fatigue. Les muscles tirent, le souffle devient saccadé. Et pourtant, il est inconcevable de s'arrêter. Il faut continuer...c'est cela repousser ses limites toujours plus loin. De toute façon, après plusieurs minutes où tout se joue grâce au mental...l'endomorphine arrive. Tout devient plus fluide, plus agréable...un peu comme si l'on flottait sur un nuage. Le regard loin vers l'horizon.
Et puis vient la délivrance lors des derniers mètres avec les foulées qui s'allongent, qui s'accélèrent. Tout donner, jusqu'au bout...et soudain l'expression de cette explosion joie, de satisfaction qui nous envahit quand on franchit la ligne d'arrivée est indescriptible. C'est un moment magique où la douleur, l'espoir, le bonheur se mêlent. Le temps le plus fort de la course.
Sur cette image, le présent n'est qu'une transition entre un passé noir et un futur blanc. L'instant de la course n'est pas vraiment marqué simplement une ligne d'eau qui libère cette coureuse. Rien d'autre. Pourtant est concentré dans cette lignée d'eau une source d'énergie, de calme, d'apaisement, de vitalité intarissable. Fermer les yeux et continuer d'avancer.
Futur : J'suis morte, mais je vais bien.
C'est un peu cela après une course. Avoir mal partout, les abdos qui tirent, les muscles qui s'enflamment et les poumons décomposés. Mais mentalement, je me sens vraiment bien. Je souris, je ris, je suis d'une bonne humeur folle. Je suis heureuse d'avoir tenue le coup, d'être aller au bout de moi-même. Tous les petits tracas me paraissent bien loin. Je rationalise, après tout, ce ne sont que des futilités. Je me sens bien dans ma peau, je suis came et posée. Exit la Pauline, boule de nerf, la carapace se brise, le vase se vide.
La jeune femme semble réellement vivante, détendue, apaisée. Elle s'est échappée de ces tensions qui sont restées loin derrière elle. C'est une jeune femme nouvelle qui apparaît.
Anima Sana in Corpore Sano... tellement vrai.
Eh oui, je peux enfin courir à nouveau !!