Kontakthof - Pina Bausch
Joy avance doucement sur la scène, d'un pas précis, mais teintée de fragilité. Elle se redresse, toise le public et soudain, tout son corps se met en mouvement. Comme emporté par la grâce qui se dégage d'elle, il est impossible de ne pas se sentir hypnotisé par cette danseuse. Au fil des entrechats, nous nous laissons voguer dans une contrée étrangère "cette terre inconnue" qui est la danse où l'émotion emplit tout l'espace.
L'amour se dévoile alors, imperceptiblement, à travers ces esquisses dansées : le premier regard et la pudeur, le premier contact et le désir, la tendresse, l'amour fou et passionné où les danseurs semblent enivrés dans un tourbillon de sentiment, l'absence et le manque, la séparation et le vide. Les pleurs de Joy qui envahissent la scène, repliée sur elle même, en appelant "Darling". Confusion des sentiments où les peurs, la douleur, l'espoir se mèlent pour former une danse hors du commun. Les corps se cherchent, se trouvent, se dévoilent, se lient, se séparent. Des corps dansés avec naturelle et virtuosité.
L'un de mes professeurs m'a avoué ne pas avoir compris cette pièce et qu'elle lui était restée inconnue. Le fait que ce soit joué par des jeunes danseurs qui doivent avoir entre 14 et 18 ans et qui connaissent pour la première fois, les sentiments qu'ils dansent mais cette fois dans la réalité, comme l'avait affirmé l'un des danseurs " La pièce à un rapport avec mon vécu !", donnent une vérité et un naturel à leurs interprétations. Une évolution se crée durant toute la durée du spectacle. Une évolution que chacun peut observer, apprécier, et véritablement comprendre car ce sont des étapes de la vie que nous commençons à connaitre.
Kontakthof joue sur les rapports humains où la violence rencontre la douceur, la séduction laisse place à la timidité. Une fresque humaine qui ne laisse pas indifférent et qui rend un merveilleux hommage à Pina Bausch.