Fouillis de rien
Faire le vide. Ouvrir les classeurs, jeter les cahiers, lire les esquisses de pensées marquées dans la marge d'une feuille de cours, jeter un coup d'oeil au carnet de citations du cours de français de seconde, dépoussiérer ses journaux intimes où se mêlent dessins, long rapports de la journée, doutes, fantaisies, vie. Oser penser ce que l'on ne dira jamais. Oser écrire ce que l'on veut cacher, sans jamais se mentir, être franc une fois au moins envers soi même. Lire les lettres que l'on enverra jamais. Ouvrir la boîte à texte où des nouvelles, contes, idées, poésie fusent dans tous les sens. Sourire. Saisir celle d'Astro man et oser la décrypter. Après tout, nous écrivons ce que nous sommes.
Extrait
" Aria et Victor se trouvaient dans un salle de classe où ils se mêlaient à l'ensemble des élèves. Un enfant, assis, un peu en retrait à l'arrière de la texte, fixait le tableau avec de grands yeux inquiets. Victor ressentait sa timidité au fond de lui comme si un lien invisible les unissait. Tout à coup, l'élève monta sur son pupitre et se mit à crier :
- Je veux devenir quelqu'un. Quelqu'un d'original. Original comme la vie que j'imagine. Je partirai en voyage à l'autre bout du monde. New-York, Milan, Rio de Janeiro. Rio de Janeiro pour sa vie exotique, sa fantaisie spontanée. Cette spontanéité qui me ravira quand ma fille éclatera de rire. Sydney, Tokyo, Moscou. Moscou où je visiterai la place rouge. Rouge comme le visage de ma femme quand je rentrerai très tard le soir. Mais pourtant, elle le sait bien que ce sera à cause des bouchons. des bouchons que je ferai sauter avec ma belle assistante.
Il s'arrêta brusquement. Pendant une fraction de seconde, le temps semblait être suspendu dans la classe. Tout le monde le dévisageait, troublé, stupéfait. Un instant, puis tout recommença comme si ce cri n'avait jamais existé. Le garçon se rassit, fixant le tableau, un sourire victorieux illuminant son regard. "
Sourire. Tourner chaque mot dans tous les sens. Chercher des degrés. Et soudain...comprendre. Comprendre que ces quelques mots inoffensifs sont en faîte bien plus. Une clé de soi, une clé de sa compréhension.