Black Swan - Darren Aronofsky
Petite fille, qui n'a jamais eu l'envie de devenir danseuse ? Et la prétention d'ajouter : Danseuse étoile ? Qui n'a jamais ressentie l'euphorie de découvrir ses nouvelles pointes, de les essayer, de danser jusqu'à que les orteils rougissent, et parfois se cassent ? Je voulais ressentir à nouveau cette sensation délectable du bonheur que procure la danse en allant voir ce film.
Synopsis :
Nina, jeune danseuse au NYC ballet doit incarner la Reine des Cygnes, c'est à dire, danser le cygne blanc, symbole de la pureté, mais aussi, le cygne noir maléfique. Cependant, trop pure, trop fragile, elle n'a pas la prestance d'incarner le cygne Noir. La dualité de ce rôle va la forcer à sortir de son image, la pousser au bout d'elle même. Jusqu'à la folie.
Un chef d'oeuvre. Je ne peux pas vraiment employer de termes pour décrire ce film. Opressant, bouleversant, fascinant. Ce film se sert de la danse et de la psychologie de Nina pour nous montrer les conffins les plus sombres de nous même. Un homme n'est jamais tout blanc, tout noir. Il existe toujours une alternative dans la personne, une faille que l'on tente de refouler, cacher et qui peut à tout moment apparaître. Nina n'aurait jamais connu la face sombre de son être sans qu'elle ne fut pousser au maximum de son être par l'exigence de la danse et de l'incarnation du rôle. La question la plus importante et qui régit sûrement ce film doit être :
Jusqu'à quel point le rôle que l'on incarne peut il interférer avec l'Etre ?
Nina doit incarner le rôle du cygne noir, pourtant au delà de simplement le jouer, il va littéralement la métamorphoser. Ce rôle va tout doucement embrasser tout son Etre et l'entraîner au plus profond d'elle même. Le changement est indiqué avec le premier refus qu'elle exprime à sa mère, opressante, un simple NON, qui marque un début d'opposition. Puis, doucement, la psychose va l'emporter...hallucinations où son "double maléfique" la surprend, la terrifie, la fascine ; l'automutilation et l'anorexie où cette danseuse recherchant la perfection étouffe, ressent le besoin de souffler, de reprendre son équilibre ; les scènes érotiques attestent le fait qu'elle se cherche, elle ne sait plus qui elle est réellement, tout ses repères sont bousculés, elle se (re)découvre.
Je crois que la dualité de l'être est l'un des temps forts de ce film qui montre qu'une existence n'est jamais acquise car en soit, nous pensons nous connaître mais ce ne sera jamais le cas. Il y a toujours une part d'ombres en nous, aussi terrifiante et fascinante soit elle. Cette ombre que Freud appela l'Inconscient, c'est à dire une tentative de refoulement pour s'échapper d'une angoisse. Il y aura toujours cette part de non dit que l'on tente d'omettre de la vue des autres et pourtant qui peut se réveiller à toute instant.
Nina entre dans une psychose où il semble que le rôle se confonde avec son Etre. Son changement de comportement (renforcé par la prise de l'Extasie ? les crises boulimie/anorexie?) se rapproche plus du dédoublement de personnalité qu'une vraie schyzophrénie. L'image la plus interessante est peut être lors des scènes finales où sur scène son corps se métamorphose en celui d'un cygne, ce n'est plus elle, c'est le rôle qui apparaît. Elle est devenue le cygne noir.
Une folie qui ne peut la conduire qu'à la mort...ou plutôt au suicide. Le rideau se baisse. L'acte est fini. C'est la mort du cygne où l'histoire du Lac des Cygnes coïncide avec sa fin personnelle. L'exaltation de la danse et de l'interprétation du cygne noir fut parfaite...n'est ce pas l'objectif qu'elle se fixait ?
Il y aurait tant d'autres choses à faire : l'analyse de la musique, celle de tous les personnages...à votre tour de le faire. En tout cas, c'est une véritable oeuvre d'art.
Et vous, avez vous aimé ?